Ils sont d’une forme mûre et dominée, d’une volontaire et émouvante sobriété.
L’œuvre d’Amélie Murat est plus important.[1] Ses Bucoliques d’été ont des parties admirables. Sa muse est sans apprêts, grave et tendre, rustiquement mais noblement drapée. Mme Amélie Murat, qui est d’origine auvergnate, est la première femme que l’on puisse comparer au poète forézien, Louis Mercier. Elle a son vers plein et ferme, son lyrisme noble et simple, sa grandeur discrète, mais la foi, chez elle, âme pourtant pétrie de catholicisme, est plus tremblante.
Mme Claire Virenque avait une jolie voix cristalline comme son âme pure, fine et suavement fervente. Et ses vers d’amour même sont spiritualisés par un accent digne et comme virginal. Ses pièces mystiques sont d’un art distingué, tendre, dont la naïveté délicieuse évoque à la fois saint François d’Assise et saint François de Sales. Mme Émilie Arnal n’a pas cette élégance spontanée, cette musicalité instinctive. Pourtant, sa belle âme forte et limpide et sa franchise suppléent à son manque d’art et font aimer sa plainte. Elle a publié en 1909 un roman solide et honnête : Marthe Brienz.
Il faut citer encore Mmes Jean Balde, Marthe Dupuy (L’Idylle en Fleurs) ; Hélène Séguin (Le Soleil sur le Toit) ; Jeanne Bernard-Arnoux (Le Jardin des Roses) ; Marie-Louise Vignon (Chants de Jeunesse), Lya Berger.
À ces poétesses discrètes et sentimentales, ajoutons Mme Marguerite Comert (Comme on pleure à vingt ans, 1896) ; Annie Perrey (Voici mon Cœur, 1907) Mme Marguerite Henri Rozier (Celle qui passe, 1911) ; Mme Nervat qui, en collaboration avec son mari, publia en 1900 Le Geste d’Accueil, puis Les Rêves unis ; Antonine Coulet, enfant prodige dont la précocité n’a su aboutir qu’à la banalité régulière de L’Envolée (1914) ; Mme Sandy ; la duchesse de Rohan, bien connue par la ferveur avec laquelle elle sert la poésie ; Mme Basset d’Auriac ; Mlle France Darget qui a publié en 1901, sous les auspices de Sully Prud’homme, ses premiers vers. Lucienne Gaulard-Eon et Adrienne Blanc-Peridier ont écrit des poèmes patriotiques ou guerriers, d’un art classique.
J’arrive à des Muses plus intellectuelles ou visuelles que sensibles : Nicolette Hennique (Des Rêves et des Choses, 1900), savante parnassienne tournée vers l’antiquité ; Mme Anne Osmont, une naturiste qui, avec quelques retours romantiques dans la forme, est aussi une parnassienne ; Mlle Elsa Koeberlé, dont la grâce se souvient de Mallarmé et recherche les demi-teintes : La Guirlande des Jours (1900). Mallarméenne, encore, Mlle Galzy.
Mallarméenne aussi, la poésie subtile, complexe, délicieusement obscure et un peu fade de Mme Jean Dominique (Le Puits d’Azur, 1912). Mme André
- ↑ D’un Cœur Fervent (1909), Le livre de Poésie (1910), Humblement sur l’autel (1919), Les Bucoliques (1920).