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Mais voici trois poétesses qui, à l’époque où les femmes étaient ivres de ce qu’elles appelaient « la vie », n’ont pas cru sacrifier leur art en nous montrant des visages français et des gestes discrets, parents de ceux de la princesse de Clèves et de Madeleine de Nièvre.

Mme Cécile Périn, dont les meilleurs livres sont Les Variations[1] et La Pelouse, ne fut pas d’abord sans subir l’entraînement noaillien ; elle aussi a porté « sa jeunesse ainsi qu’un don divin », elle « a aimé la vie inexprimablement » ; elle a crié : « Je vous exalterai, mes yeux, ciel de mon âme », mais bien vite elle a cherché sa voie et son inspiration dans ses doux devoirs, elle a chanté « la joie de vieillir à deux » ; mère, enfin, elle s’est penchée sur son enfant. Sans splendeur, sa poésie est fine et délicate.

Bretonne et femme de marin, Mme Perdriel-Vaissière a dit les tristesses de Celles qui attendent (1907), sans même espérer qu’on leur soit fidèle, et, qui, tentées et déchirées, se gardent pures ; dans La Lumière fut (1911), tour à tour mystique et maternelle, la poétesse reste infiniment touchante, et atteint même à à l’originalité. Cet art est tendre et distingué.

Il faut regretter que Mme Gregh n’ait plus rien publié des vers qu’elle a écrits, depuis ce recueil des poésies composées par elle entre vingt et vingt-quatre ans et qu’elle a intitulé Jeunesse (1907). Troubles de l’adolescence, beautés paisibles de la nature, sérénité de la vie d’épouse, méditations sur la vie humaine sont les principaux thèmes qu’elle développe avec talent. Mmes Hélène Picard, Burnat-Provins, Marie Dauguet, Valentine de Saint-Point, Cécile Sauvage, Henriette Sauret, ont moins de discrétion. Ce sont les « amantes de la vie ».

Mme Hélène Picard a connu toutes les louanges, depuis celles de Faguet jusqu’à celles de Marc Lafargue. Et l’Académie l’a couronnée avec transport.

  1. Née à Reims en 1877. Vivre (1906), Les Pas Légers (1907), Les Variations du Cœur pensif (1911), La Pelouse (1914), Les Captives (1919), etc.