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ans, elle a donné à la Revue des Deux-Mondes des articles d’information, d’analyse et de mise au point[1].

Mme Séverine, Parisienne d’origine lorraine, née en 1855, est « pacifiste et subversive ». Ses ennemis politiques l’ont surnommée Notre-Dame de la Larme à l’Œil, à cause de sa vive sensibilité qui n’est pas toujours équilibrée et également répartie. Mme Séverine se reconnaît pour maître Jules Vallès.

Elle a été une journaliste professionnelle fort bien douée, éloquente, et dont certains reportages, au pays des mines ou des casseurs de sucre, auprès du Saint-Siège, ont fait sensation. Au début du xxe siècle, Mme Séverine jouissait d’une grande popularité, même dans la bourgeoisie.

On peut encore citer Mme Dieulafoy, plus connue à cause du costume masculin qu’elle avait pris l’habitude de porter, que pour son grand ouvrage sur La Perse, la Chaldée et la Susiane, et Mme Barratin, qui eut un salon et qui « pensa ».


Essayistes et Poétesses

L’originalité de Mme Alphonse Daudet tient dans sa gracieuse discrétion à une époque où les poétesses faisaient figure de bacchantes. Son lyrisme est, comme son être moral et physique, tout de pudeur[2] d’émotion contenue et de délicatesse ; elle n’est pas romantique, et, bien qu’elle ait su plaire à Hérédia, elle n’a rien de la sonorité et de l’afféterie parnassienne. Mme Daudet est aussi un délicat moraliste et un mémorialiste charmant[3].

Le nom de Mme Rosemonde Gérard doit surtout sa notoriété à la gloire rapide d’Edmond Rostand, son mari. Toutefois, son petit livre de vers, Les

  1. On lui doit la Satire de l’Esthétisme, la Société de l’Avenir, le Roman étranger en Angleterre, le Naturalisme aux États-Unis et, avec ces études littéraires, de lucides essais sur les mœurs : les Américaines chez elles, Choses et Gens d’Amérique, Nouvelle France et Nouvelle Angleterre, Questions Américaines, Femmes d’Amérique, ainsi que des études sur la Russie. Elle a publié une vingtaine de romans psychologiques ou sociaux, d’un intérêt surtout actuel.
  2. Poésies (1895), Miroirs et Mirages (1899), Les Archipels lumineux (1913), etc.
  3. L’Enfance d’une Parisienne (1883), Enfants et mères (1889), Souvenirs d’un groupe littéraire (1910).