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Mémoires

Mi-mémoires et mi-souvenirs de voyage sont les deux volumes de Mlle Armen Ohanian : La Danseuse de Shamaka (1919), Dans les Griffes de la Civilisation (1921). Le premier a du charme, et, pour dire les beaux pays traversés et la vie douce et changeante, Mlle Ohanian a gardé la grâce spontanée d’une petite fille. Signalons aussi les Mémoires d’une petite Second Empire de la féconde romancière Brada, sans oublier les Notes et Impressions d’une Parisienne, de Mme M.-L. Néron. Mlle Galzy a publié en 1919 La Femme chez les Garçons, souvenirs de son professorat durant la guerre, où il y a de la finesse et de la sensibilité et Lucie Cousturier, en 1920 : Des Inconnues chez moi, livre subtil.

Excellent reportage que Les Cantinières de la Croix-Rouge (1917), de Mme Marc Helys, recueils d’expériences personnelles où elle présente de multiples aspects du Paris laborieux et du Paris charitable. Ses Provinces françaises pendant la Guerre (1918) constituent un reportage plus littéraire.

La plupart des livres de guerre féminins sont surtout des histoires de pays envahis. Leur valeur documentaire est très grande, leur valeur d’art très inégale. Le plus remarquable est Dans les Remous de la Bataille d’Isabelle Rimbaud (1917). Six Femmes et l’Invasion (1917), de Mme Marguerite Yerta, est une œuvre vivante et spirituelle, qu’on relira plus tard.

Il serait injuste d’oublier le beau livre sobre de Mme Madeleine Havard de La Montagne : La Vie agonisante des Pays envahis (1919) et le dramatique récit du martyre d’un petit village ardennais : Sur le Chemin du Calvaire, de M.-L. Dromart, poétesse et romancière à qui sa belle conduite valut une citation, de même que les récits de guerre d’Henriette Célarié (En Esclavage : Journal de deux Déportées, 1919). L’arrière a aussi inspiré quelques essais intéressants, et c’est ainsi que Mme Noëlle Roger, romancière suisse estimée, a publié des Carnets d’une Infirmière (1915) d’une beauté émouvante, d’une grandeur simple où le visage courageux de la France souffrante apparaît comme dans un miroir. Mlle Maïten d’Arguibert, qui cache sous ce pseudonyme un vieux nom bien connu, a écrit avant ses vingt ans : Le Journal d’une Famille française durant la Guerre (1917). Ce journal, qui n’est pas sans longueurs, est d’une spontanéité charmante et fait preuve parfois de maturité.

On excusera la rapidité de cet exposé et l’insuffisance des renseignements bibliographiques. La matière est si vaste, qu’en un chapitre il ne m’était possible de motiver mon jugement que sur quelques-unes de nos femmes de lettres les plus remarquables.