Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’ailleurs tout ce qui la touchait et tout ce qu’elle disait me mettaient dans l’extase.

J’ai rêvé à cette jeune fille… Mais d’abord, voyons, quand je pensais que cette apparition je ne l’attendais pas, était-ce juste ? Je croyais ne pas l’attendre, je ne m’étais pas aperçu, je ne savais pas que je l’attendais… Cependant par quoi étais-je attiré vers le Goabren ? Vers qui mes pas m’y portaient-ils d’instinct ? La raison de cette attraction indéfinissable ? Pourquoi étais-je allé m’asseoir là, sur cette pierre au soleil, pendant des heures, avant qu’elle ne parût ?… Est-ce que je n’attendais pas ? Est-ce que je ne l’attendais pas ?

Je suis retourné au village, plein de réflexions. Je n’aurais pu dissimuler aux yeux de la famille Toussaint, ils auraient remarqué mon air absorbé. J’ai prétexté la migraine, j’ai dit que le soleil m’avait fait mal, et je suis allé me coucher sans m’être mêlé à la conversation du soir devant la porte.