Page:Montfort - Un cœur vierge.djvu/230

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Yvon, pourrait-il de nouveau prendre les dispositions qu’il avait arrêtées pour ce soir ? Et si les choses traînaient en longueur, notre projet ne risquait-il pas d’être découvert, d’être rendu impossible ? Ce contre-temps était décourageant. Comment traverser, une fois encore, ces alternatives brisantes d’espérance et de déception ?… Cela épuiserait Anne. Cela m’épuiserait. Cela userait notre énergie et notre volonté. J’étais désespéré ; de sombres pensées m’assiégeaient. J’étais malheureux ; je tremblais.

Cependant, j’entendis un petit bruit, comme un piétinement léger sur la roche, et une ombre basse s’approcha de moi, me frôla : je reconnus Laouen. Puis Anne tomba dans mes bras, le cœur battant, palpitante. Je la sentis vêtue d’un épais manteau et sa tête n’était plus coiffée du chapeau de paille de Fleur-des-Bois, mais d’un feutre entouré d’un voile. Elle était mouillée par le brouillard,