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m’avait dit le nom de l’homme : Toussaint Leblanc. Je le demandai à la fille qui servait :

— M’sieu Leblanc, v’là un mossieur por vous, s’écria-t-elle d’une voix un peu haute pour dominer le bruit des conversations.

Un homme, assis avec d’autres à une table, leva la tête et il me regarda sans parler. Je m’avançai et je répétai, comme la fille :

— Monsieur Leblanc ?

Il fit oui du menton. Il était assis, le dos rond, à la manière des marins. Je tirai un escabeau et me mis près de lui. Il portait un maillot bien propre, son béret, un pantalon de toile bleue. La cinquantaine. Il y avait un petit sac d’argent en cuir et des lettres, sur le banc, à côté de lui :

— Dites-moi, monsieur Leblanc, est-ce que vous voulez m’emmener à Houat ? articulai-je aussitôt, sans préambule.

Il fit la moue :

— À Houat, y a rien…