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L’Étui


J’ai pris quatre-vingts grains, opaques ou limpides,
Noirs, ivoirins, ambrés, corallins, cristallins ;
Et, sur ces pleurs, dont quelques-uns furent liquide,
J’ai ciselé des mots, eux-mêmes de pleurs pleins.
 
J’ai pris la chaîne d’or et d’argent de nos plaintes
Pour en unir ces grains, dont plusieurs sont de bois
Et c’est le chapelet de ces prières saintes
Qui semble, en l’oraison vibrer autour des doigts.

Et, pour l’Étui de paille, humble ensemble et notable
À serrer ce rosaire impalpable et réel,
J’ai tressé quelques brins de paille de l’étable
Où Jésus vint au monde, en la nuit de Noël.