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III

PARURE



Les plus beaux des bijoux sont encore les yeux !
Les yeux tendres, les yeux tristes, les yeux joyeux;
Les yeux pleins de reproche, ou les yeux pleins de charmes
Les yeux pleins de sourire, ou les yeux pleins de larmes.

La mode ingénieuse en fit des talismans :
Les amantes portaient les yeux de leurs amants,
Dans un passé récent, en médaillons, en bagues,
Les yeux profonds, les yeux pénétrants, les yeux vagues.
Miniatures délicates d’un cher œil
Mystérieux, teinté d’allégresse ou de deuil,
Les yeux voluptueux et les yeux extatiques :
Bijoux profonds, joyaux sacrés et poétiques.

La Belle que je sais en peuple son écrin.
Dans un coeur de cristal, ou de peau de chagrin,
Elle fait s’endormir ou veiller leurs prunelles ;
Escarboucles par qui reluisent, éternelles,
Leurs amours. — Oh ! le noble écrin, les purs joyaux
Dont Queen Beth eût paré ses vêtements royaux !