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BERCEUSE D’OMBRE


Des ailes, des ailes, des ailes,
Pour bourdonner à son front,
Abeilles et demoiselles,
Des rythmes qui berceront.
Des ailes !

Des branches, des branches, des branches,
Pour tresser un pavillon,
Par où les clartés, moins franches,
Descendront sur l’oisillon,
Des branches !

Des songes, des songes, des songes !
Dans ses pensers entr’ouverts
Glissez un peu de mensonges
À voir la vie au travers
Des songes.

Des fées, des fées, des fées,
Pour filer leurs écheveaux
De mirages, de bouffées,
Dans tous ces petits cerveaux.
Des fées !

Des anges, des anges, des anges,
Pour emporter dans l’éther
Les petits enfants étranges
Qui ne veulent pas rester
Nos anges !