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Puis ce fut tout ; bientôt, sous l'appel qui leur nuit,
Les Lunes à la fin sont prises de vertige,
Et l'on voit chavirer, par le lac de la nuit,
Cinq nénuphars sans tige ;

Cinq nénuphars de feu dont les blancs unissons
Sur le grand Océan, sont devenus cinq îles,
Avec, autour, les flots seuls rythmant leurs chansons
Cruelles ou tranquilles.

Mais les fous d'aujourd'hui, tout comme ceux d'hier,
Qui vont, la nuit, songer sous les lueurs menteuses,
Rêvent de voir le Ciel muet s'irradier
De cinq Lunes chanteuses !

Les cinq Lunes étaient cinq masques ironiques,
Soupapes de la nuit par où les dieux cyniques
Écoutaient sangloter les hommes ténébreux ;
Et les trous de lumière en une voûte sombre,
Par où le ciel filtrait sa splendeur dans notre ombre,
Étaient cinq trappes d'ombre, en un sol d'or, pour eux.