Page:Montesquiou - Les Chauves-souris, 1907.djvu/132

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
108
LES CHAUVES-SOURIS



Les doux voisins, les chers féaux des grands manoirs !
De quels fruits morts se sont couverts les arbres noirs ?



L’effrayeur de corbeaux est un curieux gnome.
Coiffé du béret roux qui tache les Corots,
Plus menu qu’un enfant, plus imposant qu’un homme,
On dirait d’un pagode échappé des tarots.

Au-dessous de la bleue et sinueuse bande,
Au-dessus des duvets de la moisson qui sourd,
Il multiplie un fouet dont le claquement court
Et rythme le fécond protectorat qu’il scande

Pour les grains assoupis, les germes effrayés
Par la voracité des pèlerins rapaces,
Qui vont interposant leurs ténèbres tenaces
Entre le sillon moite et les azurs rayés.

Il claque... et le clan noir qui s’incurve et qui plane,
S’infléchit et fluctue, et balance, irrité,
S’entrecroisant et croassant, déshérité
Par l’enfant dont le geste habile les chicane

Cet enfant imité, çà et là, dans le clos,
Par le masque en chiffon d’un Thomas Vireloque
Fait d’un bâton et d’un chapeau, dont s’interloque
Le glaneur rauque et dont le vol prend des galops ;