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Liv. XXIV. Chap. XVIII.

fit pour donner de l’horreur du meurtre ? Elle établit qu’un homme tué par violence[1] étoit d’abord en colere contre le meurtrier, qu’il lui inspiroit du trouble & de la terreur, & vouloit qu’il lui cédât les lieux qu’il avoit fréquentés ; on ne pouvoit toucher le criminel, ni converser avec lui, sans être souillé[2] ou intestable ; la présence du meurtrier devoit être épargnée à la ville, & il falloit l’expier[3].




CHAPITRE XIX.

Que c’est moins la vérité ou la fausseté d’un dogme, qui le rend utile ou pernicieux aux hommes dans l’état civil, que l’usage ou l’abus que l’on en fait.


Les dogmes les plus vrais & les plus saints peuvent avoir de très-mauvaises conséquences, lorsqu’on ne les lie pas avec les principes de la société ; & au contraire, les dogmes les plus faux en peuvent avoir d’admirables,

  1. Platon, des lois, liv. IX.
  2. Voyez la tragédie d’Œdipe, à Colonne.
  3. Platon, des lois, liv. IX.