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Liv. XIX. Chap. XVIII.

ment monarchique & tout gouvernement modéré s’allient mieux[1] avec la religion chrétienne.




CHAPITRE XIX.

Comment s’est faite cette union de la religion, des lois, des mœurs & des manieres, chez les Chinois.


Les législateurs de la Chine eurent pour principal objet du gouvernement la tranquillité de l’empire. La subordination leur parut le moyen le plus propre à la maintenir. Dans cette idée, ils crurent devoir inspirer le respect pour les peres, & ils rassemblerent toutes leurs forces pour cela. Ils établirent une infinité de rites & de cérémonies, pour les honorer pendant leur vie & après leur mort. Il étoit impossible de tant honorer les peres morts, sans être porté à les honorer vivans. Les cérémonies pour les peres morts avoient plus de rapport à la religion ; celles pour les peres vivans avoient plus de rapport aux lois, aux mœurs & aux manieres ; mais ce n’étoit que les parties d’un

  1. Voyez ci-après le liv. XXIV. ch. III