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sente une femme nue dans le bain, que si je voyois Vénus sortir de l’onde. C’est que la peinture ne nous représente que les beautés des femmes, et rien de ce qui peut en faire voir les défauts. On y voit 5 tout ce qui plaît, et rien de ce qui peut dégoûter. D’ailleurs, dans la peinture, l’imagination a toujours quelque chose à faire, et c’est un peintre qui représente toujours en beau.

Pourquoi l’Aloïsia charme-t-il si fort en latin et

1o si peu en françois ? C’est que le françois représente au François les choses comme elles sont : il lui donne une idée juste, qui est si claire qu’il n’en peut pas ajouter d’accessoires. Dans le latin, que nous n’entendons pas parfaitement, l’imagination ajoute à la

0 véritable idée une idée accessoire, qui est toujours plus agréable. Voilà pourquoi les traductions ne nous plaisent pas tant que les originaux, quoique réellement elles soyent aussi belles, chaque langue ayant ses expressions aussi parfaites l’une que l’autre.

2o 959* (201. I, p. 196).— Les hommes ne paroissent jamais plus outrés que lorsqu’ils méprisent, ou lorsqu’ils admirent : il semble qu’il n’y ait point de milieu entre l’excellent et le détestable.

XI. MUSIQUE.

960 (1o5o. II, f° Go v°). — Plus l’art de la musique a été rude et imparfait, plus elle a fait des effets surprenants. En voici (je crois) la raison. Ils avoient