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IX. LIVRES A FAIRE.

951* (101. I, p. 92). — A présent qu’on est dans le goût des collections et des bibliothèques, il faudroit que quelque laborieux écrivain voulût faire un catalogue de tous les livres perdus qui sont cités par les 5 anciens auteurs. Il faudroit un homme libre des soins et des amusements mêmes. Il faudroit donner une idée de ces ouvrages, du génie et de la vie de l’auteur, autant qu’on pourroit le faire sur les fragments qui nous restent, et les passages cités 1o par d’autres auteurs qui ont échappé au temps ou au zèle des religions naissantes. Il semble que nous devions ce tribut à la mémoire de tant de savants hommes. Une infinité de grands hommes sont connus par leurs actions, et non pas par leurs ô ouvrages. Peu de personnes savent que Sylla a fait des Commentaires, et que Pyrrhus a fait des Institutions militaires, et Hannibal des Histoires.

Cet ouvrage ne seroit pas aussi immense qu’il paroît d’abord. On trouveroit dans Athénée, dans 2o Plutarque, dans Photius et dans quelques autres auteurs anciens, des sources fécondes. On pourroit même se borner et ne traiter que des poètes, des philosophes ou des historiens.

Je voudrois aussi qu’on travaillât à un catalogue i5 des arts, des sciences et des inventions qui se sont perdus, que l’on en donnât l’idée la plus juste qu’il