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(M. Rollin) a, par ses ouvrages d’histoire, enchanté le public. C’est que le cœur y parle au cœur ; c’est l’ami des hommes qui parle aux hommes. On sent une secrète satisfaction d’entendre parler la Vertu. 5 Il y auroit plaisir d’être repris par un homme qui cherche que tous les hommes soyent meilleurs. C’est l’abeille de la France...

938* (15o8. II, f° 228 v°). — Le cardinal de Polignac. — Nous lui devons cet ouvrage immortel dans 1o lequel Descartes triomphe une seconde fois d’Épicure.

939(95o. II, f° 21). — On parloit de la pièce de Marivaux, la Mère confidente, où les mœurs sont admirables. Je dis : « Le peuple est honnête dans 1b ses goûts, quoiqu’il ne le soit pas dans ses mœurs. Nous nous réjouissons de trouver des honnêtes gens, parce que nous voudrions qu’on le fût à notre égard. »

940 (Sp., f° 441 v°). — J’ai lu, ce 6 avril 1734, Manon Lescaut, roman composé par le père Prévost. Je ne suis pas étonné que ce roman, dont le héros est un fripon, et l’héroïne, une catin qui est menée à la Salpêtrière, plaise ; parce que toutes les mauvaises actions du héros, le chevalier des Grieux, 35 ont pour motif l’amour, qui est toujours un motif noble, quoique la conduite soit basse. Manon aime aussi ; ce qui lui fait pardonner le reste de son caractère.