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perverties ; à présent, on ne les souffriroit plus. Il y a une injustice étonnante dans les jugements des hommes : nous accusons de peu d’esprit nos pères, parce qu’ils ont pleuré en voyant le petit Regulus ;

3 nous croyons qu’ils pleuroient parce qu’ils n’avoient pas le sens commun. Non ! Ils avoient autant d’esprit que nous, ni plus, ni moins ; mais leurs mœurs étoient différentes, leur cœur autrement disposé. C’est pour cela qu’ils pleuroient, et que nous ne

1o pleurons pas. On peut en dire de même de presque toutes les tragédies.

917 (1287. W’ f° 136). —J’ai vu dix mille hommes dans Paris qui avoient assez d’esprit pour critiquer les ouvrages de M. de La Motte, et, de tous ceux-là,

15 il n’y en avoit aucun qui en eût assez pour faire le moindre de ses ouvrages.

918 (2108. III, f° 349). — Peut-être que la réputation de la prose de M. de La Motte a nui à celle de ses vers.

o 919(2174. III, f° 361). — On disoit qu’Helvétius avoit donné une pension de 2,000 francs à Saurin, et que cela étoit fort noble. « Très noble, dis-je, et cela le sera longtemps : car cela ne sera guère imité. »

3 920* (68. I, p. 64). — Nous n’avons point d’auteur tragique qui donne à l’âme de plus grands mouvements que Crébillon ; qui nous arrache plus à nous-mêmes ;