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892 (1621. II, f°474). — Autrefois le style épistolaire étoit entre les mains des pédants, qui écrivoient en latin. Balzac prit le style épistolaire et la manière d’écrire des lettres de ces gens-là. Voiture en

5 dégoûta, et, comme il avoit l’esprit fin, il y mit de la finesse et une certaine affectation, qui se trouve toujours dans le passage de la pédanterie à l’air et au ton du monde. M. de Fontenelle, presque contemporain de ces gens-là, mêla la finesse de

ro Voiture, un peu de son affectation, avec plus de connoissances et de lumières, et plus de philosophie. On ne connoissoit point encore Made de Sévigné. Mes Lettres Persanes apprirent à faire des romans en lettres.

.5 893 (1215. II, f° 94). — S’il faut donner le carac-’ tère de nos poètes, je compare Corneille à MichelAnge, Racine à Raphaël, Marot au Corrège, La Fontaine au Titien, Despréaux au Dominiquin, Crébillon au Guerchin, Voltaire au Guide, Fontenelle

2o au Bernin, Chapelle, La Fare et Chaulieu au Parmesan, le père Lemoine à Joseph Pin, Regnier au Giorgione, La Motte au Rembrand, Chapelain est au-dessous d’Albert Durer. Si nous avions un Milton, je le comparerois à Jules Romain. Si nous

25 avions le Tasse, nous le comparerions aux Carra. ches. Si nous avions l’Arioste, nous ne le comparerions à personne, parce que personne ne lui peut être comparé.

894 (807. I, p. 544). — Lorsque le grand cardinal