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devint fou et dévot, pensa qu’il ne pouvoit jouer que contre Jésus-Christ. Il perdit contre Jésus-Christ 10,000 florins et, voulant payer, alla trouver les Jésuites, qui lui dirent qu’étant de la Compagnie de Jésus ils recevroient l’argent. Il le compta, prit sa b quittance, et s’en fut. Quinze jours après, il revint et dit qu’il avoit rejoué et avoit gagné à JésusChrist 20,000 florins. Les Jésuites ne voulurent pas payer. Procès, et, par le crédit des généraux, les Jésuites furent obligés de rendre ce qu’ils avoient reçu. 1o

2203 (1224. II, f° 95 v»). — M. de Fontenelle me disoit qu’il croyoit que les prédictions tirées des entrailles des victimes venoient de ce que les peuples allant en colonies, voulant s’arrêter en un lieu, examinoient auparavant les entrailles des ani- 15 maux pour voir si l’air et le terroir étoient sains, et que, de là, on a pu facilement passer à regarder un certain état d’entrailles, ou un autre, comme un bon ou comme un mauvais présage. Idem, du vol des oiseaux. Quand ils venoient d’un endroit à un autre, 1o on conjecturoit que c’étoit pour chercher à se nourrir, et, par conséquent, que ce lieu étoit meilleur que ceux d’où ils venoient. De là, le bon augure suivoit naturellement. — Je dis : « Il y a encore une autre cause pour l’égorgement des victimes : les 35 nations guerrières (et c’est le plus grand nombre) ont dû imaginer un Dieu qui leur ressembloit, qui se plaisoit dans le sang, qui étoit cruel comme elles, qui demandoit le sang des victimes, qui demandoit le sang des ennemis, le sang des citoyens, etc. »