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ont senti : ce sont leurs extases propres, leurs ravissements. Or, on pardonne à quelqu’un de décrire les choses qui l’ont affecté ; mais on ne pardonne pas cela à un froid conteur.

2200(263.I, p. 273). — Un couvent de moines placé 3 à Bagnères ou Barèges feroit bien ses affaires dans un temps d’ignorance de la Physique et de la Religion. Quelles sources de richesses ! D’ailleurs quelle vertu que celle jointe à la puissance de la Nature et celle de la confiance ? 1o

2201 (836.I, p. 535). — Ce que M. Van Dale dit de la friponnerie des prêtres sur les oracles ne me paroît nullement prouvé. Il y a grande apparence qu’ils étoient déçus eux-mêmes. J’en juge par le miracle du sang de saint Janvier, que je puis prouver 15 n’être point une fourberie. Les prêtres sont de bonne foi ; Naples est dans la bonne foi ; et cela ne peut pas être autrement. En fait de crédulité générale et successive, il faut que les ministres soyent trompés. Ce que dit M. Schot du trépied de Delphes, »o qui parloit par le vent qui sortoit de la montagne, et entroit dans le creux de cette machine, et étoit apparemment augmenté ou diminué par quelque ressort caché, ne me paroît pas probable, à moins que la prêtresse ne fût elle-même trompée (c’est *5 dans le Journal littéraire de novembre et décembre 1714). Il pou voit arriver naturellement que la prêtresse, dans sa fureur, fût séduite elle-même par la persuasion des présents qu’on avoit faits au temple,