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armée, comme plus chère à la Divinité. Ainsi nous voulons que Dieu soit un être partial, qui se déclare sans cesse pour une créature contre l’autre et se plaît à cette espèce de guerre. Nous voulons qu’il 5 entre dans nos querelles aussi vivement que nous, et qu’il fasse, à tous moments, des choses dont la plus petite mettroit toute la nature en engourdissement. Si Josué, qui vouloit poursuivre les fuyards, eût demandé que Dieu arrêtât réellement le Soleil, 1o il auroit demandé d’être anéanti lui-même : car, si le Soleil s’arrête réellement1, et non pas de la manière dont on l’explique, il n’y a plus de mouvement, plus de tourbillon, plus de Soleil, plus de Terre, plus d’hommes, plus de Juifs, plus de Josué.

15 2192(46.I, p. 52). — Il ne faut pas s’étonner que toutes les religions fausses ayent toujours eu quelque chose de puéril ou d’absurde. Il y a cette différence entre les religions et les sciences humaines que les religions viennent du peuple de la première main et

2o passent de là aux gens éclairés, qui les rédigent en système ; au lieu que les sciences naissent chez les gens éclairés, d’où elles se peuvent répandre dans le peuple.

2193 (54. I, p. 57). — L’entêtement pour l’astro logie est une orgueilleuse extravagance. Nous

croyons que nos actions sont assez importantes

pour mériter d’être écrites dans le grand-livre du

1. Cet exemple est mal cité : car on ne peut guère entendre là l’Écriture qu’à la lettre.