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2186 (2157. III, f° 353). — Les Mahométans ont tous les jours devant les yeux des exemples d’événements si inattendus, de faits si extraordinaires, d’effets du pouvoir arbitraire, qu’ils doivent être naturellement 5 portés à croire la doctrine d’un Destin rigide, qui conduit tout1. Dans nos climats, où le pouvoir est modéré, nos actions sont ordinairement soumises aux règles de la prudence, et notre bonne ou notre mauvaise fortune est ordinairement l’effet de notre

1o sagesse. Nous n’avons donc pas la pensée d’une fatalité aveugle. Dans les romans d’Orient, vous voyez les hommes incessamment conduits par cette fatalité aveugle et ce destin rigide.

« Les Persans, est-il dit dans une note des Mille

15 et un Jour (tome II, page 18), faite par M. Pétis de La Croix, croyent que tout ce qui doit arriver jusqu’à la fin du Monde est écrit sur une table de lumière, appelée louh, avec une plume de feu, appelée calamazer, et l’écriture qui est dessus se nomme caza

1o ou cadar, c’est-à-dire la prédestination inévitable2. »

’2187(948. II,f°2ov°). — Les califes Abassides ayant voulu rétablir le Temple avec plus de magnificence, les Docteurs répondirent (est-il dit dans la Vie de Mahomet, par Boulainvilliers) que celui qui avoit 25 établi le Temple en ce lieu l’avoit laissé plusieurs siècles dans sa pauvreté naturelle ; que l’or et les pierres sont également les créatures du même souverain.

1. ’Mis dans le roman.

2. Bon pour mettre dans ma préface.