reçue par ces philosophes qui abandonnoient le Paganisme précisément à cause de son extravagance ? Quoi ! Ces philosophes, qui soutenoient que le Paganisme étoit injurieux à la Majesté divine, 5 acceptent l’idée d’un Dieu crucifié, depuis qu’ils avoient appris aux hommes l’immutabilité, l’immensité, la spiritualité, la sagesse de Dieu ? Quelle idée révoltante que le supplice d’un Dieu ! Elle l’étoit bien plus que toutes les monstrueuses opinions du
1o Paganisme, qui ne regardoient que des êtres supérieurs à nous, mais imparfaits. Le Paganisme s’est établi parce qu’il a eu d’abord une origine raisonnable, et que son extravagance n’est venue que peu à peu. Mais, pour la Religion chrétienne, tout
15 ce qu’il y a de révoltant pour l’esprit humain, il a fallu d’abord le dire. Cérinthe et Ébion sont une preuve qu’on l’a dit. Arius, qui ne nia jamais la divinité de Jésus-Christ, mais seulement sa consubstantialité, fait voir que cette divinité étoit l’opinion
2o commune. On a donc commencé par proposer un Dieu crucifié. Mais cette idée de la Croix, qui est devenue l’objet de notre respect, n’est pas, à beaucoup près, si accablante pour nous qu’elle l’étoit pour les Romains. Il y a plus : il n’y avoit
25 pas de peuple si vil dans l’esprit des Romains que les Juifs. Tous les ouvrages sont pleins de l’ignominie dont ils les couvroient. C’est, cependant, un homme de cette nation-là qu’on leur proposa à adorer ; ce sont des Juifs qui l’annoncent, et des
3o Juifs qui se donnent pour témoins. Les Évangiles sont publiées (sic), et elles sont acceptées par les