tout est chaud dans Homère. Dans le poète grec, tous les événements naissent du sujet ; dans les Amadis, tout naît de l’esprit de l’écrivain, et * toute autre aventure auroit convenu comme celle qu’ils imaginent. On ne voit pas pourquoi la plupart 5 des choses se sont passées ainsi. C’est que, dans Homère, le merveilleux est dans le tout ensemble ; dans les Amadis, il n’est que dans les détails.
L’Iliade et YOdyssée : dans l’une, la variété des mouvements ; dans l’autre, la variété des récits. 1o
Virgile, plus beau lorsqu’il imite YOdyssée dans ses premiers livres, que lorsque, dans les derniers, il imite Y Iliade : il manquoit du beau feu d’Homère.
Sans Ylliade et YOdyssée, il y a apparence que nous n’aurions pas Y Enéide. ô
On a reproché à Homère que ses roix faisoient la cuisine ; ce qui fait (dit-on) une impression de dégoût. Je réponds qu’il n’est pas étonnant que cela fût ainsi dans les temps héroïques. Outre que les mœurs y étoient simples, c’est que les roix et les 2o chefs de famille faisoient eux-mêmes les sacrifices. Ils tuoient la victime ; ils brûloient une partie de la graisse ; et, comme on devoit en manger, il étoit tout simple qu’ils la partageassent en morceaux, etc.
Ainsi l’idée de la cuisine, dans les temps héroï- .*5 ques, est liée avec les idées les plus nobles des autres temps, qui (sic) celle de sacrifice. Voyez au II" livre de Ylliade. Agamemnon offrit au puissant fils de Saturne un bœuf de cinq années, et les chefs les plus considérables de l’armée furent présents à ce 3o sacrifice, et Nestor, roi des Pyliens, Idoménée, etc.