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pas les Épicuriens, parce qu’ils ne brisoient point les statues, et qu’ils n’avoient que du mépris, non pas de la haine, pour la religion dominante.

Lors donc que les Chrétiens attaquèrent les erreurs payennes, ce fut un grand avantage pour eux de 3 parler la langue de la secte d’Épicure, et, lorsqu’ils établirent leurs dogmes, c’en fut encore un très grand de parler celle de la secte de Platon. Mais c’est gratuitement que nous avons pris le jargon d’Aristote, et je ne sache pas que nous y ayons 1o jamais rien gagné.

2101* (72.I, p. 66). — Les Stoïciens croyoient que le Monde devoit périr par le feu. Ainsi les esprits furent préparés à écouter cette prophétie de JésusChrist, qui a prédit que la fin du Monde arriveroit 15 de cette façon.

2102 (924. II, f° 15 v°). — Les cas de conscience que les philosophes payens se sont proposés marquent une si grande candeur d’âme et tant de délicatesse qu’il y a peu de Chrétiens qui osent se juger 1o sur leurs principes. Voyez le cas du marchand de bled dans les Offices de Cicéron1. On voit avec plaisir que la charité chrétienne n’exige guère de nous que ce que les Payens sentoient que l’humanité et l’amour du bien commun exigeoit (sic) d’eux. i5

2103* (1471. II, f° 217). — Je crois que ce qui fit

1. Voyez mon Traité des Devoirs.