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l’âme sent par le moyen des organes, et ces deux cas même prouvent qu’il y a de la matière.

2068(712. I, p. 480). — M. de Sainte-Aulaire dit fort bien : « Nous disons : « Nous ne pouvons com» prendre que la matière pense ; donc nous avons 5 * une âme différente de la matière. » Donc nous tirons de notre ignorance une raison pour nous faire une substance plus parfaite que la matière. >

2069 (2095. III, f° 348). — On parloit de l’existence de Dieu. Je dis : « En voilà une preuve en 1o deux paroles : il y a un effet ; donc il y a une cause. »

2070 (Sp., p. 329). —J’argumentois un jour sur le principe de Descartes que Dieu peut changer les essences des choses, et dis : « Si Deus non potuisset 13 mutare essentiels rerum, non potuisset creare. Ergo... — Probo : Creatio est extractio ex nihilo. Atqui nihili nullœ sunt proprietates. Ergo Deus mutavit essentiam nihili. »

2071 (1080. II, f° 67). — Un homme disoit : «Je 1o n’aime point Dieu, parce que je ne le connois pas, ni le prochain, parce que je le connois. » Je ne dis pas cette impiété ; mais je dis bien que ceux qui disputent sur l’amour de Dieu n’entendent pas ce qu’ils disent, s’ils distinguent cet amour du sentiment de i5 soumission et de celui de reconnoissance pour un être tout-puissant et bienfaiteur. Mais, pour de