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lieu plutôt que dans un autre : elle verra les carrés en général. Il en sera de même de toutes les conceptions générales.

Ces choses sont encore des espèces de jugements 5 naturels : l’âme n’en aura qu’un sentiment ; elle ne les développera pas ; elle ne saura pas, en quelque façon, qu’elle les sait, parce qu’elle ne les aura pas apprises par réflexion.

2066* (157. I, p. 135). — Quand le père Male1 o branche dit : « Nous ne voyons point les objets en eux-mêmes : car ceux qui dorment les voyent sans qu’ils soyent présents ; ni dans nous : car nous avons l’idée de l’Infini ; nous les voyons donc dans Dieu > ; on peut lui répondre que nous voyons les objets 15 comme nous sentons la douleur : tout cela, dans nous-mêmes. Nous sentons même notre âme qui se réfléchit sur elle-même, et qui s’aperçoit qu’elle pense sans doute dans elle. Remarquez que l’argument du père Malebranche ne prouve autre chose 2o si ce n’est que nous ne savons pas comment nous apercevons les objets.

2067* (798.I, p. 513). — Quand on dit que nous ne sommes pas sûrs qu’il y ait un Monde, parce que Dieu peut être trompeur et nous affecter de manière 35 que nous serions comme ceux qui rêvent, ou comme ceux à qui on a coupé une jambe, et qui la sentent sans l’avoir : ce raisonnement (dis-je) n’est concluant que pour ceux qui croyent que l’âme sent indépendamment des organes : car, dans les deux cas cités,