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et de les attacher au schisme et à l’hérésie aussi fortement qu’à leur fortune, comme l’exemple des Princes protestants l’a fait assez voir. En France même, nous voyons, par Mézeray, que, si on eût 5 dans les règnes des enfants de Henri IIJ exempté les Huguenots du payement des dîmes, tout le monde eût été huguenot.

Ainsi la devise du flambeau renversé convient très bien à l’Église : « Ce qui me nourrit me tue. »

1o Elle gémit sous le poids de l’or.

Les premiers Chrétiens étoient presque tous pauvres ; les pauvres étant attirés à une religion qui honoroit la pauvreté et sanctifioit cet état. J’aimerois bien mieux que, dans un État, il n’y

ô eût point de pauvres que d’y voir tant de maisons destinées à les nourrir.

Lorsque l’Église est riche, le Gouvernement est intéressé à ses désordres : témoin ce qui est dit dans la Vie d’Abélard.

2o Il est indifférent pour les peuples que les ecclésiastiques ou les séculiers jugent de certaines causes, et les disputes à cet égard sont, cependant, les choses dont on dispute le plus. Il n’est pas indifférent pour le peuple que les ecclésiastiques regor

.3 gent de richesses, et personne ne s’en met en peine 1.

2058(1128. II, f° 77 vo). —J’aime à voir dans le