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chef ; mais c’est faire quelque chose d’opposé à l’intérêt des laïques.

Lorsque l’on a voulu attacher des biens d’Église à de certaines sociétés de pauvres, comme aux Invalides, c’est-à-dire à des gens qui, outre la pauvreté, h les blessures, ont encore la honte, qui les empêche de demander le soutien de leur vie, l’Église s’y est opposée et a regardé cela comme une profanation ; et on a succombé, et on a cru ses cris légitimes. Preuve évidente que l’on regarde les biens de 1o l’Église, non pas comme les biens des pauvres, mais comme ceux d’une certaine société vêtue de noir, qui ne se marient (sic) pas.

Quand nos roix ont prêté leur serment à leur sacre, ne croyez pas que l’Église, qui l’a exigé, les ait ô fait jurer de faire observer les loix du Royaume, de bien gouverner leurs sujets, d’être les pères de leurs peuples. Non ! On les a fait seulement jurer qu’ils conserveroient les privilèges de l’Église de Reims.

Quand on a tenu des états, ne croyez pas que le 5o Clergé ait demandé la diminution des impôts et le soulagement du peuple : il ne pensoit pas à un mal qu’il ne sentoit pas ; mais il demandoit seulement quelque extension de leur juridiction ou de leurs privilèges, la réception du concile de Trente, qui 35 leur est favorable. Ils ne songeoient point à la réformation des mœurs. Il est vrai que lorsque les autres ordres en parloient, ils s’écrioient qu’il n’appartenoit qu’à eux de se mêler de leurs affaires, voulant toujours être les réformateurs, afin de n’être jamais 3o les réformés.