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XXXIV. BIENS DE L’ÉGLISE.

2053 (181. I, p. 170). — La plupart des gens crient

contre les grands biens possédés par l’Église. Pour

moi, je crois que le principal inconvénient n’est pas

5 là, mais dans le grand nombre de ceux qui les

partagent.

Voici comment.

Il n’y a guère de petite ville qui n’ait un ou deux petits chapitres, dans lesquels il y a depuis dix 1o jusques à vingt et trente places d’un très petit revenu, et qui, par conséquent, ne peuvent être enviées que par des gens de peu. Elles font l’ambition des principaux artisans ou laboureurs, qui tâchent de faire étudier leurs enfants pour les 15 obtenir, de manière que toutes ces places dérobent autant de bons sujets à l’industrie et à l’agriculture ’.

Si ces places étoient plus considérables, elles regarderoient la noblesse, qui est le seul corps oisit du Royaume, et le seul qui ait besoin de biens 2o étrangers pour se soutenir.

Il n’y a rien de si ridicule que d’engager, pour 5o écus, un homme à un bréviaire et à une continence éternelle.

Les gens de cette trempe, sans éducation, sans 25 lettres, sans considération, sont la honte de l’Église et le sujet éternel des railleries des séculiers.

1. Ces sortes de gens sont obligés d’aller vivre chez des artisans, où ils ne sauroient mener une vie fort ecclésiastique.