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en les privant de leurs meilleurs sujets. Il est vrai que le Ministère a beaucoup aigri le Parlement, et il faudroit songer à deux choses : l’une, à adoucir les esprits ; l’autre, à y mettre, quand il vaque des charges, des gens sages, autant que l’on peut. 5

t. 11. 58

J’entends toujours dire que le Roi n’a qu’à supprimer, changer, ôter, casser le Parlement. Ce sont des gens ignorants qui parlent ainsi, ou des gens qui ont intérêt de parler ainsi, pour leur fortune à Rome. Une des bonnes choses qui ait été faites de nos jours, 1o c’est ce qui a le plus révolté le public, qui est le chapeau donné au cardinal d’Auvergne : on a fait par là comprendre au Clergé que les excès des particuliers dans les affaires du temps ne les menoient point aux dignités, qui les dévorent. 13

Il ne faut pas croire que le Parlement de Paris agisse par humeur et par pique uniquement. J’avoue que, comme, lorsque l’on est aigri par la contradiction, on se jette plus fort dans l’opinion où l’on est qu’on n’y étoit auparavant, il peut y avoir et il y a 1o eu dans le Parlement de petits esprits qui se sont laissé échauffer la cervelle des petitesses et des idiotismes jansénistes. Mais je jette les yeux, non sur le Parlement de Paris, mais sur la magistrature du Royaume, et je la trouve dans les principes du 25 Parlement.

Pourquoi cela ? C’est que, depuis quatre siècles, tous les livres sont pleins des principes du Parlement ; que c’est là-dessus que l’on a étudié, qu’on s’est formé l’esprit, et que les hommes ne renoncent pas 3o tout d’un coup et tous ensemble à leurs principes ;