pas avec sens, mais avec connoissance de cause. Il n’est plus question de la Constitution depuis plus de dix ans ; il est question de savoir s’il y aura un schisme ou non. Quoique la Cour et le Parlement 5 soyent opposés dans les voyes qu’ils prennent, ils n’ont, l’un et l’autre, qu’une même vue, qui est d’empêcher le schisme ; mais ils s’y prennent d’une manière différente. Et ils ont si bien les mêmes vues que, les mêmes choses que le Parlement condamne,
1o le Conseil est obligé de les condamner. La Cour et le Parlement savent que, s’il y a une fois un schisme, il faudra établir des loix pénales, qu’il faudra nous pendre tous, les uns, les autres, et que, quand on aura commencé, on ne sait pas où cela ira. Les Jan
15 sénistes, eux, vont toujours]en avant et semblent ne chercher qu’à aller se faire pendre, et les Molinistes préparent déjà les cordes avec lesquelles ils pendront ou seront pendus. La Cour de Rome, engagée (elle ne sait comment) dans cette affaire, suit ses
2o principes de pousser toujours les choses à l’extrémité. Tous les bons François, tous les vrais citoyens, frémissent en voyant le danger, et de la Religion, et de la Nation. On ne sauroit ériger assez de statues au cardinal de Fleury, qui a vu le mal, les causes, les
25 effets, et qui a cherché, dans tout son ministère, à en diminuer le mal et l’a fait. Et on peut dire qu’il a empêché le schisme, que les enfants perdus des deux parts vouloient hâter de toute leur force. Il a donné les emplois à des gens modérés ; au moins, il
3o a cherché à le faire. Il a arrêté les emportements des Molinistes et a ôté"peu à peu les forces aux Jansénistes,