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et, quand un État est arrangé de manière que les citoyens ont un certain nombre de fonds placés, il ne faut pas tout-à-coup laisser un grand nombre de particuliers à vide. Si cet État, par sa sagesse et son 5 bon gouvernement, trouve le moyen de diminuer Tintérêt de ses fonds publics, il ne faut pas augmenter son fonds d’amortissement, par les raisons qu’on vient de dire. Il vaut mieux qu’il employe ce qui lui revient de l’intérêt des fonds publics, à diminuer les

1o taxes d’autant, afin de soulager les terres, le commerce et l’industrie, et diminuer la cherté des manufactures, et faire en sorte, par là, que les fonds publics ne prennent pas trop de supériorité sur les fonds particuliers. D’un autre côté, on peut

15 pourvoir aux fonds publics et en augmenter la confiance ; en augmentant la confiance qu’il place dans son fonds d’amortissement, c’est en augmenter les effets, et on peut même dire que c’est la même chose que d’en augmenter le capital. Pour cela, un

2o État pareil doit faire une loi bien simple, et c’est un crime de haute-trahison d’appliquer le fonds d’amortissement ou de proposer de l’appliquer à autre usage qu’aux payements des dettes publiques, pour quelque cause que ce soit, jusqu’à ce que l’ennemi

25 soit aux portes. Par ce moyen, on peut oublier la dette et le fonds d’amortissement, en s’arrangeant pour l’avenir sur les ressources qui restent, parce qu’un État qui n’a que certaines ressources connues s’arrange sur ses ressources, et que, sachant qu’il

3o ne peut toucher ni aux dettes, ni à leur fonds d’amortissement, il se conduit comme ayant ce