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faire, que de celles qu’il achètera en France ou en Allemagne. Et, pour rendre le commerce de Cadix plus indépendant des étrangers, il prête aux Espagnols l’argent nécessaire pour faire leurs envois, et leur fait des avances, et cet argent, qu’ils étoient 5 obligés d’emprunter des étrangers, à de grosses usures, leur donne la facilité de faire leur commerce, et les étrangers sont encore privés de ce bénéfice qui étoit très considérable. Tout le commerce se feroit donc directement de l’Espagne aux Indes ; 1o d’autant plus que les étrangers se trouveroient privés des matières premières, soit laines, argent. L’Espagne jouiroit d’une grande navigation, etc.

Pour croiser tout cela, voici ce qu’il faudroit faire.

Il n’est point question de faire des représentations 15 par des ministres ou ambassadeurs : chacun est le maître chez soi. Faites des plaintes, on vous fera des réponses d’oracles ; on allèguera les anciennes loix d’Espagne, autres choses, etc. Nous avions, autrefois, un fameux consul à Cadix, qui disoit toujours 1o aux négociants : « Messieurs, ne me faites point faire de plaintes ; mais faites qu’on m’en fasse contre vous. Je serai fort si l’on se plaint de vos contrebandes, des coups de bâton que vous aurez donnés pour empêcher qu’on ne vous visite. Mais, si vous i5 vous plaignez des injustices qu’on vous aura faites, je suis foible. »

Pour revenir à notre propos, sans se plaindre des nouveaux règlements, il n’y auroit qu’à permettre secrètement à nos négociants d’envoyer des vais- 3o seaux bien armés, moitié guerre, moitié marchan