Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/432

Cette page n’a pas encore été corrigée

La situation de l’Espagne rend ce commerce naturel, et, à présent qu’elle est privée des parties détachées de sa domination, elle sera détachée, pour ainsi dire, du reste du Monde, si la navigation et le commerce

5 ne l’y rappellent.

D’ailleurs, l’Espagne pourroit faire la navigation du Levant par le moyen d’une compagnie qu’on établiroit à Barcelone ou quelque autre port de la Méditerranée, où le Roi lui-même pourroit prendre

1o part ; et les convois qu’il donneroit, comme les Hol

landois sont obligés de faire à cause des Corsaires

de Barbarie, augmenteroient d’autant la navigation.

Si le roi d’Espagne établissoit des manufactures

de draps, elles conviendroient beaucoup mieux pour

15 le Levant que pour l’Amérique ; parce qu’il faut au

Levant des draps beaucoup plus beaux et beaucoup

plus fins, c’est-à-dire de pures laines d’Espagne. Il

en faut aussi beaucoup de grossiers.

L’Espagne profite aussi du commerce de l’Angle

2o terre, qui consomme de ses denrées que d’autres ne consommeroient pas.

1994(2Ô9. I, p. 281).— Ce qui fait que les marchands anglois, françois et autres, ont perdu dans le commerce du Brésil les années (sic) depuis 1723 jus

25 qu’en 1730, c’est que l’Espagne a défendu le transport des piastres de Potosi à Buonos-Aires (sic). Or, l’on envoyoit des marchandises au Brésil pour les faire passer, par Buonos-Aires, dans l’Amérique. Mais, comme elles n’y trouvoient point d’argent,

3o l’Espagne ayant fait pendre quelques marchands qui,