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terre et de mer, leur commerce aux Indes n’est pas à beaucoup près si lucratif qu’il pourroit être ; d’autant mieux que, pour ruiner le commerce des autres nations, ils font souvent des pertes volontaires, qui font que eux ni les autres ne tirent pas de leur com- 5 merce tout l’avantage qu’ils en pourroient tirer. Avec tout cela, les Hollandois font de très grands profits, et les autres nations en font de très grands aussi.

On croit pouvoir assurer que la dépense seroit beaucoup moindre par l’Égypte que par le cap de 1o Bonne-Espérance, tant le tour de l’Afrique est long à faire, tant on est arrêté par les vents alizés, tant une longue navigation fait périr de matelots.

Enfin, le commerce à Trieste est bien autrement avantageux qu’à Ostende, par la facilité de distribuer 15 les retours en Italie et dans les Pays-Héréditaires.

On pourroit aisément porter les marchandises des pays autrichiens à Alexandrie ou même Trieste.

Peut-être faudroit-il avoir un entrepôt au-delà du détroit de Bab-el-Mandeb, afin de déposer les mar- 2o chandises, lorsque ce détroit est difficile à passer.

Dans l’entrepôt qui seroit choisi deçà ou delà le détroit, il y auroit des petits vaisseaux toujours occupés d’aller de la Mer Rouge aux Indes et revenir des Indes à la Mer Rouge, comme aussi pour aller du 25 lieu de l’entrepôt à Suez et de Suez au lieu de l’entrepôt.

(Je ne dis pas que ceci fût impossible pour quelque autre puissance ; mais cela l’est pour l’Empereur, à qui Trieste est absolument inutile. Il n’y a ni hommes 3o ni marchandises à Trieste, ni dans tous ces pays-là,