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nuls fussent célébrés de nouveau. Donner des privilèges à ceux qui auroient un nombre d’enfants ; de certains honneurs aux mêmes. Fixer les rangs incertains par le nombre des enfants. Un préciput dans 5 toutes les successions à celui qui a le plus d’enfants. Une place de magistrat dans chaque hôtel-de-ville à celui qui a le plus d’enfants. Faire payer à ceux qui vivent dans le célibat pour douze enfants. Prévenir le cours de la maladie vénérienne en

1o faisant faire une espèce de quarantaine et de visite à ceux qui viennent des Indes.

Dans les pays où il y a des esclaves, il faudroit qu’ils pussent espérer la liberté par le nombre de leurs enfants.

15 Il faudroit bien se donner de garde de donner,

comme les Romains, le privilège des trois enfants à

ceux qui ne les avoient pas, à moins qu’ils ne les

eussent perdus à la guerre.

Le nombre des gens vivant dans le célibat mul

2o tiplie à proportion le nombre des filles de joye, et, comme les moines sont compensés par les religieuses, les gens de célibat le sont par les filles de joye.

Règle générale : il n’y a que les mariages qui

25 peuplent.

Les femelles des animaux ont à peu près une fécondité constante, de façon qu’on peut à peu près juger ce qu’une femelle fera de petits dans toute sa vie. Mais, dans l’Espèce humaine, les passions,

3o les fantaisies, les caprices, l’embarras de la grossesse, celui d’une famille trop nombreuse, la crainte de