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n’ayant presque point de dogme, ni d’enfer, il a fallu que les loix y suppléassent. Aussi n’y a-t-il point de pays où les loix soyent si sévères qu’au Japon, ni si ponctuellement exécutées.

1949(735. I, p. 490). — Il ne faut pas des peines 3 trop cruelles, pour n’accoutumer pas les hommes à n’être touchés que de la crainte des châtiments cruels. Le roi de Perse, le plus humain de tous les princes, qui fut détrôné par les Agiians (sic), vit qu’on abusa de sa bonté, parce que sa nation 1o n’étoit pas accoutumée à une pareille douceur.

1950* (815.I, p. 522). — Dans cet État, les peines seront modérées, parce que toute peine qui ne dérive point de la nécessité est tyrannique.

La Loi n’est pas un pur acte de puissance. Toute 15 loi inutile est une loi tyrannique : comme celle qui obligeoit les Moscovites à se faire couper la barbe. Les choses indifférentes par leur nature ne sont pas du ressort de la Loi. Comme les hommes aiment passionnément à suivre leur volonté, la Loi qui la gêne 2o est tyrannique, parce qu’elle gêne le bonheur public.

Il résulte des peines modérées qu’elles ont le même effet que les peines atroces ont sur les esprits accoutumés aux peines atroces.

On peut en croire les Romains toujours si modérés 23 dans les peines, et qui avoient une si belle police : il étoit permis à un accusé devant le Peuple, de se retirer avant son jugement ; le vol n’étoit puni que du double, et quelquefois du quadruple.