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ont trouvé des sujets tout disposés à les imiter. Dans les pays de liberté, on n’a jamais vu ces disproportions.

On voit bien qu’une différence pareille a dû faire naître de la répugnance pour les mariages entre 5 parents. Comment une fille se seroit-elle mariée avec son père ? Comme fille, elle lui auroit dû un respect sans bornes ; comme femme, il y auroit eu entre eux de l’égalité. Ces deux qualités auroient donc été incompatibles. .o

Cette répugnance une fois établie, elle se répandit bientôt sur les mariages des frères et des sœurs : car, dès que les premiers inspirèrent de l’horreur à cause de la proximité du sang, il est clair qu’une moindre proximité devoit donner moins d’horreur, ’5 mais devoit en donner toujours.

Ceci étant une fois gravé dans l’esprit des hommes, Dieu a voulu s’y conformer, et il en a fait un point fondamental de sa loi : car, lorsque Dieu a donné des loix aux hommes, il n’a eu qu’une vue générale, Io qui étoit d’avoir un peuple fidèle, source naturelle de tous les préceptes.

De ces préceptes, il y en a de deux sortes : les uns, dans le rapport que les hommes ont entre eux, que j’appellerai préceptes moraux ; les autres, dans i5 le rapport qu’ils ont avec lui, que j’appellerai préceptes sacrés.

Il y a encore deux sortes de préceptes moraux : les uns, qui ont du rapport à la conservation de la Société, comme ils l’ont presque tous ; les autres, 3o qui ne sont fondés que sur la facilité de l’exécution :