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forcées. — Proverbe devenu faux. Autrefois, on n’avoit pas de si grandes armées qu’à présent. Or, quand on investissoit une place, on avoit le même terrain à garder avec une petite armée qu’aujourd’hui avec une grande, et l’on tomboit avec ses plus 5 grandes forces sur les parties les plus foibles qu’on choisissoit. C’est ainsi qu’on secourut Arras. Aujourd’hui, les grandes armées font qu’il n’y a plus d’endroits foibles. On met devant soi de grands retranchements, dont on jette toute la terre d’un 1o côté ; on fait des puits pour arrêter et embarrasser la cavalerie, un feu terrible sur ceux qui attaquent. Il n’y a pas de moyen de passer.

1894* (1495. II, f° 224). — Il y a des choses qui pouvoient se faire autrefois, et qui, à présent, ne se "5 font plus. Par exemple, Titus Martius, en Espagne, surprit dans la même nuit deux camps des ennemis, l’un après l’autre. Le bruit de la mousquetterie et du canon ne le permettroit plus.

1895 (1448. II, f° 212). — Combien d’occasions où, 2o avec le moins, on fait le plus ? On dit que, Ruyter ayant appris que les Anglois s’étoient déclarés contre la Hollande, il demanda quarante vaisseaux d’augmentation ; ayant appris que la France s’étoit jointe à l’Angleterre, il n’en demanda plus que trente. Le 25 roi Richard, ayant appris que son concurrent descendoit en Angleterre, avec une armée, dit : «Eh bien ! nous le battrons ! » On vint lui dire qu’il venoit avec quinze cents hommes, il se jeta sur son