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Lorsque Rome, sous Sylla, commença à tomber dans l’anarchie, les généraux donnèrent à leurs soldats le pillage des villes et les biens de la campagne. Il n’y avoit qu’un gouvernement tranquille qui pût assurer la propriété des biens, et sitôt 5 qu’une guerre civile commençoit à naître, les propriétaires de fonds de terre et les commerçants devoient tomber dans le désespoir. D’où vient cela ? C’est que les richesses naturelles de l’État devoient céder aux richesses acquises par les pillages des 1o Grands et les vexations des traitants, dont nous venons de parler tout à l’heure. Ce qui soutiendra donc votre nation, c’est, lorsque (sic) les sources des grandes richesses seront les mêmes et ne seront pas taries par des sources plus grandes d’autres ô richesses. La sagesse de votre État consiste donc en ce que les grandes fortunes ne sont pas tirées de la levée des tributs, et vos loix seront assurées lorsqu’elles ne seront pas tirées des emplois militaires, et que celles tirées de l’état civil seront dans la 1o modération.

XIV. POLITIQUE DES ROIX DE SICILE.

1884* (177.I, p. 159). — Personne n’ignore la puissance des anciens roix de Sicile sur la terre et sur la mer : rivaux ou alliés des Carthaginois ou des 23 Romains, souvent vainqueurs des uns et des autres. Cette île même avoit dans son sein plusieurs grandes