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comme nous nous sommes épuisés. Il n’y a qu’une trentaine de bons caractères, de caractères marqués. Ils ont été pris : le Médecin, le Marquis, le Joueur, la Coquette, le Jaloux, VAvare, le Misan

5 thrope, le Bourgeois. Il faut une nouvelle nation pour former de nouvelles comédies, qui mêle aux caractères des hommes ses propres mœurs. Ainsi il est aisé de voir quel avantage ont les premiers auteurs de nos pièces dramatiques sur ceux qui

1o travaillent de nos jours. Us ont eu pour eux les grands traits, les traits marqués. Il ne nous reste plus que les caractères fins, ceux qui échappent aux esprits du commun, c’est-à-dire à presque tous les esprits. Ainsi les pièces de Destouches et de

15 Marivaux sont plus difficilement bonnes que celles de Molière.

823 (817. I, p. 523). — Ce qui commence à gâter notre comique, c’est que nous voulons chercher le ridicule des passions, au lieu de chercher le ridicule

io des manières. Or les passions ne sont pas ridicules par elles-mêmes.

824 (1149. II, f° 79 v°). — Examiner bien le vis comica dans l’action, et l’examiner dans le discours.

825 (1416. II, f° 204). — Pour que l’on sente bien »5 à la Comédie le ridicule, il ne suffit pas que le

personnage dise des choses ridicules, il faut qu’il soit ridicule lui-même : Don Quichotte, Sancho, Ragotin.