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semble qu’elles soyent rassemblées en un point1. L’armée de Flandre est tout près de celle du Rhin ; celle du Rhin, de celle du Dauphiné ; celle du Dauphiné, de celle du Roussillon ; celle du Roussillon, 5 de celle de Guyenne : seuls endroits par lesquels le Royaume (d’ailleurs défendu par des montagnes, de grandes rivières ou par la mer) peut être attaqué par terre. Ces armées peuvent se transporter, en tout ou en partie, d’un de ces lieux dans un autre voisin,

1o dans huit jours de temps, et les ordres s’envoyent dans un jour ou un jour ou deux. Enfin, si vous en aviez besoin, dans trois semaines de temps, vous pourriez joindre toutes vos armées. Ainsi vous avez, pour ainsi dire, vos forces partout, et vous ne

15 craignez aucune des entreprises qui ont besoin de

plus de quinze jours ou trois semaines pour être

exécutées. Et presque toutes les grandes entreprises

ont besoin d’un temps beaucoup plus long2.

C’est la médiocre grandeur du royaume de France

2o qui lui donne ces avantages, grandeur proportionnée et à la vitesse que la Nature a donnée aux hommes pour se transporter d’un lieu en un autre, et à la longueur du temps nécessaire pour l’exécution des entreprises ordinaires des hommes. Ainsi, si une

25 puissance, ayant battu l’armée de Flandre, alloit assiéger Paris, premièrement, les débris de l’armée se rassembleroient aisément, parce que les retraites en seroient prochaines, et que, le soir ou le lendemain, un nouveau corps seroit formé, au lieu qu’il