Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il ne faut donc songer qu’à les dissiper et les soulager de leur attention par le plaisir. Ils font toutes les réflexions qui sont à leur portée ; leurs progrès extraordinaires sur la langue en est une preuve. 5 Quand donc vous voulez leur faire faire vos propres réflexions, vous empêchez les leurs, que la Nature leur fait faire. Votre art trouble le procédé de la Nature. Vous les retirez de l’attention qu’ils se donnent, pour qu’ils prennent celle que vous leur donnez. Celle-là leur plaît ; celle-ci leur déplaît. Vous les jetez dans les idées abstraites, pour lesquelles ils n’ont point de sens. Ils ont des idées particulières, et vous les généralisez avant le temps ; par exemple, l’idée de bonheur, de justice, de probité : tout cela n’est point de leur ressort. Ne leur faites rien voir de mauvais ! Vous n’avez rien autre chose à faire. A un certain âge, le cerveau ou l’esprit se développe tout-à-coup. Pour lors travaillez ! Et vous ferez plus dans un quart d’heure

3o que vous n’auriez fait dans six mois jusques à ce temps-là. Laissez former le corps et l’esprit par la Nature !

1757 (183. I, p. 174). — Un des plus grands abus qui soit dans le Royaume est l’établissement des 25 demi-collèges, qui sont dans les petites villes, où les artisans envoyent aussi tous leurs enfants pour leur apprendre quelques mots de latin. Bien loin que ceci soit favorable aux sciences, cela entretient l’ignorance : car, autant qu’il est 3o utile qu’il y ait de bonnes académies dans les principales