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bien sensibles fait la force ; donner des idées tirées des conceptions de l’âme fait la finesse.

1. Point de par exemple.

802* (1970. III, f° 277). — Pour bien écrire, il faut sauter les idées intermédiaires, assez pour n’être pas ennuyeux ; pas trop, de peur de n’être pas b entendu. Ce sont ces suppressions heureuses qui ont fait dire à M. Nicole que tous les bons livres étoient doubles.

803 (554. I, f° 436 v°). — Le style enflé et emphatique est si bien le plus ai«sé que, si vous voyez une 1o nation sortir de la barbarie, comme,’ par exemple, les Portugais, d’abord vous verrez que leur style donnera dans le sublime, et ensuite ils descendront au naïf. La difficulté du naïf, c’est que le bas le côtoye. Mais il y a une distance infinie du sublime 15 au naïf et du sublime au galimatias.

804 (1334. II, f° 186). — Il ne faut pas que, dans un ouvrage, l’ironie soit continuée : elle ne surprend plus.

805* (153o. II, f° 2 32 v°). — L’humeur des Anglois 2o est quelque chose qui est indépendant de l’esprit et en est distingué, comme on le verra par les exemples.

Cette humeur est distinguée de la plaisanterie et n’est point la plaisanterie ; c’est plutôt le plaisant 25 de la plaisanterie. Ce n’est point la force comique, le vis comica ; c’est plutôt la manière de la force