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dire : « Il faut faire la guerre pour abaisser la Maison d’Autriche. » C’est pour cela que Belle-Isle a persuadé d’envoyer 1oo millions et 80,000 hommes en Allemagne. Cela est une bêtise. Vous n’avez qu’à vous 5 agrandir vous-mêmes par un bon gouvernement, et vous abaissez la Maison d’Autriche. C’est le seul moyen d’abaisser ses voisins qui soit raisonnable. Tout n’est-il pas relatif ?

1656* (2020. III, f° 315). — Du 2 Février 1742. —

1o Nos affaires de Bavière sont désespérées. Nous sommes à présent, pour celles de Bohême, entre les mains du plus grand fou qui fut jamais. Il est parti du bal : car il part toujours du bal ; il a été en Saxe, il a été à Dresde, pour que l’Électeur lui donnât le comman

15 dement. De là, il s’est mis dans son chariot de poste et arrivé (sic) dans une auberge à Prague ; et cela, pour demander à l’intendant Séchelles qu’il lui fournît du pain pour ses troupes. De façon que nous en sommes pour 100,000 écus par mois, pour donner du

2o pain de munition à ce roi. Quand la France et l’Angleterre auroient tous les trésors de l’Univers, ces gueux d’Allemands les leur tireroient ! Et, moi, je ne puis assez admirer la démence qui nous fait envoyer 100 millions et 80,000 hommes hors de chez nous,

25 dont la moitié n’a presque plus de vie, pour exécuter le projet qui tourmentoit la tête d’un homme que le Diable berce depuis qu’il est au Monde.

Adieu, Monsieur, je vous parle comme un bon François, mais comme un François qui n’est point

3o ivre.