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qu’on devoit envoyer à l’Académie, afin qu’on ne nous accuse pas d’être comme ces gens qui habitent près de la mer, qui ne subsistent que par le pillage qu’ils font de tout ce qui est jeté sur leurs côtes. 5

795 (599. I, f° 447). — Voici des vers faits à Moscou sur la mort de Pierre II :

Clauditur in Jano sic vitœ (?) janua Petro.

Mors aperit limen, quando paratur hymen. 

Vous voyez que les vers rimés se trouvent tou- 1o jours lorsque l’on commence à sortir de la première barbarie.

796 (2101. III, f° 348 v°). — La belle prose est comme un fleuve majestueux qui roule ses eaux,

et les beaux vers, comme un jet d’eau qui jaillit 15 par force : il sort de l’embarras des vers quelque chose qui plaît.

797(285.I, p. 3o8). — Les transpositions, permises dans la poésie, lui donnent souvent de l’avantage sur la prose, parce que l’on met le mot important 2o de la pensée dans le lieu le plus frappant, et que toute la phrase peut porter sur ce mot.

Ainsi, dans les vers :

Et vous, d’un vain devoir imaginaires loix, Ne faites point entendre une inutile voix. 2 5

Sans vous, chez les mortels, tout étoit légitime. C’est vous qui, du néant, avez tiré le crime.