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immenses dans Rome, d’amasser un grand trésor et de donner de la jalousie aux Espagnols.

1. Mis dans la Monarchie universelle. t. u. 3 I

1559 (62 3. I, f° 451).— Sixte -Quint avoit fait la plus grande fortune qu’un moine né même pour ambitionner cet état-là puisse faire. Il étoit du 3 nombre de ceux que la Fortune élève quelquefois pour irriter les espérances de ceux qui l’adorent. Peu de papes l’ont précédé, aucun ne l’a suivi qui ait porté plus loin l’orgueil du rang suprême. Il osa voir, dans le désordre et dans la confusion des cho- 1o ses, qu’il falloit relever la Religion et abaisser les Espagnols, qui la protégeoient.

1560 (1633. III, f° 1). — J’aime ces hommes qui savent faire des grandes choses contradictoires. Sixte-Quint put mettre pour inscription à plusieurs 15 de ses beaux ouvrages : « Primo Pontificatus Anno, > et ce même Sixte-Quint mit six millions d’or au Château-Saint-Ange, pour être employés dans les dangers du Saint-Siège. Ainsi cet homme savoit agir avec rapidité et pour sa gloire ; il savoit agir 3o lentement et pour la gloire des autres.

1561 (387. I, p. 362). — Quand je vois Rome, je suis toujours surpris que des prêtres chrétiens soyent parvenus à faire la ville du Monde la plus délicieuse, et qu’ils ayent fait ce que la Religion de i5 Mahomet n’a pu faire à Constantinople, ni à (sic) aucune autre ville, quoique celle-ci ait pour base les plaisirs, et l’autre, la contradiction des sens.