Page:Montesquieu - Pensées et Fragments inédits, t2, 1901.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée

(janvier 1736, article 10) est une inscription (trouvée à Malte, par M. l’abbé Guyot de Marne) qui est phénicienne, et, comme on y trouve tous les caractères de nos chiffres arabes (1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, o), M. l’abbé Guyot en conclut que, selon 5 la manière des langues orientales, on a pris les nombres dans l’alphabet ; de sorte que 1, dans l’alphabet phénicien, étoit alep, dans l’alphabet hébreu ; 2 étoit le beth ; etc. Il pense que les Arabes, ayant porté les chiffres que nous avons en Espa- 1o gne, les avoient pris des peuples de l’Afrique, phéniciens d’origine, qu’ils avoient conquis, comme plus commodes que leurs anciens chiffres arabes.

III. ART D’ÉCRIRE.

791 (1450. II, f° 212 v°). — Il faut toujours prendre 15 un bon sujet : l’esprit que vous mettez dans un mauvais sujet est comme l’or que vous mettriez sur l’habit d’un mendiant ; au lieu qu’un bon sujet semble vous élever sur ses ailes.

792* (1971. III, f° 277 v°). — On gagne beaucoup 2o dans le monde ; on gagne beaucoup dans son cabinet. Dans son cabinet, on apprend à écrire avec ordre, à raisonner juste, et à bien former ses raisonnements : le silence où l’on est fait qu’on peut donner de la suite à ce qu’on pense. Dans le monde, au contraire, on apprend à imaginer ; on i5